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Le 25 septembre 2011 à 8h44

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Grève des professeurs ce mardi pour protester notamment contre les suppressions de postes au sein de l’Éducation nationale. L’occasion pour le Président de l’UNI, Olivier Vial, de remettre en cause le rôle joué par les syndicats d’enseignants.


Dans un monde qui évolue de plus en plus vite, il est rassurant de savoir que certaines choses n’évolueront jamais, à l’image des syndicats de l’Éducation nationale. Depuis des décénies, leurs mots d’ordres restent les mêmes : plus de postes et défense du sacro-saint statut de la fonction publique.

Ce n’est pourtant pas cela qui permettra d’améliorer notre système scolaire ou le sort des enseignants. La dernière enquête de l’OCDE a d’ailleurs rappelé que l’amélioration des résultats des élèves n’est pas corrélée à la seule hausse des moyens et encore moins à celle du nombre de postes. Si la France dépense beaucoup plus pour ses lycéens (12 087 USD en 2008) que la Finlande (7 461 USD) [[La dépense moyenne pour un lycéen dans les pays de l’OCDE est de 9396 USD]], et qu’elle dispose également d’un taux d’encadrement beaucoup plus élevé [[ Le taux d’encadrement qui correspond au nombre d’élève par enseignant s’élève à 9,5 en France, pour 16,2 en Finlande et 13,6 pour la moyenne OCDE.]], les résultats de ses élèves n’en sont pas meilleurs pour autant – et ils sont parfois pires.

Des syndicats responsables de la paupérisations du métier d’enseignant ?

De façon cynique, on comprend bien où se situe l’intérêt des syndicats dont le pouvoir est directement proportionnel au poids relatif du corps enseignant dans le reste de la société. En faisant ce calcul, ils ont toujours exigé des créations de postes plutôt que des hausses de salaires, entrainant ainsi une relative paupérisation du monde enseignant. La politique menée depuis un an pour revaloriser les débuts de carrière et permettre aux enseignants de se partager 1,5 milliard d’euros grâce aux heures supplémentaires s’est faite quasiment contre eux. Le pouvoir d’achat des enseignants n’était pas la priorité syndicale.

Cette paupérisation est, en partie, responsable de la crise des vocations qui touche l’éducation et nuit à la qualité future du recrutement des enseignants et donc à la qualité de l’enseignement. « Un candidat au CAPES de lettres modernes a ainsi deux fois plus de chance aujourd’hui qu’il y a dix ans de décrocher un titre de certifié […] En 1999, le rapport présents/postes offerts était de l’ordre de 17,5 %. En 2005, il est passé à 37,17 %. Entre temps la moyenne du dernier admissible est passée de 8/20 à 6,25/20. »[[Claire Mazeron, Autopsie du Mamouth, éditions Jean Claude Gawsewitch, 2010]] En 2010, les premiers résultats d’admissibilité des Capes externes ont confirmé cette tendance. Dans certaines disciplines, le nombre d’admissibles fut même inférieur au nombre de postes ouverts [[En éducation musicale, 120 postes ont été ouverts, mais il n’y a eu que 114 candidats admissibles aux épreuves orales ; de même en lettres classiques, seulement 103 candidats ont réussi la première partie du concours pour 185 postes ouverts.]].

Prendre en compte le mérite des enseignants

Le second mot d’orde des syndicats n’est pas moins cynique. En s’opposant à toute prise en compte du mérite des enseignants pour leur évolution de carrière ou leur rémunération, au prétexte de défendre le statut de la fonction publique, les syndicats font des enseignants « leurs obligés ». Qu’il soit exemplaire ou « tire au flanc », un professeur sera traité quasiment de la même façon. Dès lors, son salut et surtout ses espoirs de hausse de son pouvoir d’achat ne viendront que d’une action collective et syndicale aboutissant, par exemple, à une évolution de la grille d’indice. Dans son dernier essai, Chantal Delsol dénonce cet état d’esprit.  » le mépris du mérite individuel, une fois le concours réussi, mépris qui a pour cause l’égalitarisme, engendre des mentalités bien particulières. Comme rien ne peut, dans le cadre du travail, se conquérir par soi-même, par son propre effort ou résultat [..] Nous entrons dans le monde de la supplication et, à l’extrême, de la révolte. »[[Chantal Delsol, La détresse du petit pierre qui ne sait pas lire, éditions Plon, 2011]] Un monde ou les syndicats sont rois.

En soutenant aujourd’hui les mots d’ordres syndicaux, les enseignants grévistes continuent à tisser les liens avec lesquels les syndicats les entravent. Il est temps, pour eux, de couper ces liens pour s’affranchir de la tutelle des syndicats.

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