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Par Archives CERU

Le 8 mars 2011 à 10h49

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La consultation nationale sur les programmes scolaires pour la classe de terminale des séries générales a débuté depuis le début de cette semaine. Des programmes de SES (Sciences Économiques et Sociales) allégés en Marx et débarrassés des « bourdieuseries » superflues : voilà ce que devraient étudier les lycéens français à la rentrée 2012. A moins que le moratoire, lancé par certains professeurs attachés à leur magistère « d’éveilleurs de conscience aux malheurs du monde et autres malfaisances du grand capital », finissent par bloquer cette réforme des programmes.


La nouvelle classe de terminale générale se mettra en place à la rentrée 2012. En ligne de mire, la réforme des Sciences économiques et sociales (SES) lancée en 2008 par Xavier Darcos, alors ministre de l’Éducation Nationale. Objectif : recentrer l’enseignement sur l’étude des « notions, outils et méthodes qui constituent les bases de toute formation solide à l’économie et à la sociologie » afin de mieux préparer les lycéens à la poursuite de leurs études dans le supérieur.

La même année, l’Académie des sciences morales et politiques avait confié à cinq grands économistes étrangers le soin d’analyser le programme et les manuels d’économie des lycéens français…

Une réforme applaudie par les économistes…

Leur conclusion fut unanime et sévère : « l’enseignement des SES dans le secondaire français est gravement défectueux. En l’état, le contenu des enseignements n’a qu’un rapport lointain avec la science économique […] ». Quant aux manuels, « la vision qu’ils donnent de l’économie et de la société française est affectée d’un biais vraiment pessimiste. Leur ton est négatif, et assez compassionnel. Le choix des textes et des illustrations parait trop souvent relever de présupposés – dans certains cas assez idéologiques – notamment vis-à-vis du marché ». Les universitaires reprochaient l’extrême superficialité et le grand relativisme (tout est affaire d’opinion) de cet enseignement qui mélange toutes les approches (économie, droit, sociologie, psychologie sociale…) sans jamais permettre aux lycéens d’en maitriser une seule.

« On aimerait pouvoir dire, que l’élève ne retirera de cet enseignement que peu de bénéfices. Mais même cette conclusion paraît trop optimiste ; il est difficile d’écarter l’hypothèse que cet enseignement inadapté dans ses principes et biaisé dans sa présentation, soit en fait néfaste » concluait la synthèse des rapports rendus par les économistes étrangers sur l’enseignement de l’économie en France.

Cette conclusion rejoignait celle d’un autre groupe d’économistes présidé par Roger Guenerie, Professeur au Collège de France. En juin 2008, il avait remis à Xavier Darcos des préconisations qui allaient servir de base à la réforme des programmes de SES. Ce rapport proposait de recentrer l’enseignement de l’économie sur l’acquisition et la maîtrise des concepts et des méthodes de base de l’économie, avant de se lancer dans de vastes débats sociétaux.

Ce fut chose faite, dès la rentrée 2010, pour les programmes de la classe de seconde. La rentrée 2011 devrait permettre la mise en place des nouveaux programmes pour les élèves de première, avant qu’en 2012 ceux de terminale entrent en application.

… et critiquée par les associations de professeurs

Ce calendrier risque d’être menacé par l’APSES, association des professeurs des SES qui demande un moratoire sur les programmes d’économie de première et de terminale afin de les réécrire. Le 3 janvier dernier, elle a rendu public une proposition de programme pour les classes de terminale.

La méthode retenue est celle du débat façon café du commerce autour de douze grandes questions. Comme « Dans quelle mesure la croissance favorise t-elle le développement ? » ou « En quoi les conflits sociaux sont-ils source de changement social ? » Au-delà de ces questions, ce sont les instructions données aux enseignants qui laissent apparaitre une conception largement idéologique. Pour la première question sur la croissance, il n’est pas question d’aborder le rôle de la croissance dans la création de richesse et d’emploi, mais il est précisé que : « la discussion autour de cette question s’articulera à partir du patrimoine naturel, on montrera que la croissance économique peut engendrer des externalités négatives. Cela permettra d’évoquer la question des limites de la croissance et de discuter des politiques visant à concilier croissance économique et protection de l’environnement par la mise en place de réglementation ou d’incitations. »

Quant à la seconde discussion sur les conflits sociaux, les enseignants sont invités à présenter « l’impact des conflits sur la société : à la fois expression d’oppositions, moteur de changement social et facteur de cohésion ». C’est vrai que l’on ne parle jamais assez du rôle des quais de gares bondés et du covoiturage forcé les jours de grèves comme facteurs de cohésion sociale…

Alors quand l’APSES dénonce une reprise en main idéologique de l’enseignement, on ne peut que se rappeler qu’il est toujours plus facile de voir la paille dans l’œil de son voisin que la poutre dans le sien.

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