L’UNI préconise de créer des classes de niveau dans l’ouvrage « L’école, malade de l’égalitarisme »

« Instaurer des classes de niveau et moduler le taux d’encadrement des élèves en fonction de leur niveaux » c’est l’une des quinze propositions avancées par Olivier Vial, président de l’UNI, et Inès Charles Lavauzelle, déléguée générale de l’Uni, dans leur ouvrage « L’école, malade de l’égalitarisme » paru en janvier 2012. « De fait, les classes de niveau existent déjà, notamment via le jeu des options dans le public ou dans l’enseignement privé où elles fonctionnent bien », indique Olivier Vial à AEF le mardi 28 février 2012. « En Finlande, des groupes de niveau sont mis en place par discipline pour que chaque élève puisse progresser à son rythme », poursuit-il.

Les auteurs veulent coupler la création de ces groupes de niveau avec une modulation du taux d’encadrement. « Il est absurde de vouloir descendre à 22 élèves par classe partout, développe Olivier Vial, alors qu’on peut très bien garder 30 élèves là où cela va, et descendre à 15 élèves dans des classes en difficulté ». Selon lui, cette idée est « à contre-courant des sciences de l’éducation, qui constituent en France un véritable lobby alors que des chercheurs d’autres domaines comme des sociologues ou des économistes devraient travailler sur ces questions ».

Olivier Vial et Inès Charles Lavauzelle proposent en outre de « confier aux chefs d’établissement le recrutement des enseignants, tout en garantissant le caractère national de leur formation ». Pour Olivier Vial, « les chefs d’établissement devraient être dotés d’une enveloppe avec des primes à distribuer aux enseignants, plus importantes dans les zones difficiles ». Concernant les enseignants, l’ouvrage préconise aussi de « faire une place plus importante à la rémunération au mérite » et de « porter à 18h minimum le service de tous les enseignants du secondaire ».

ÉVALUER LES ÉTABLISSEMENTS TOUS LES TROIS ANS

S’agissant des établissements scolaires, l’UNI suggère d’ « évaluer les établissements tous les trois ans », « sur la base de leur gestion budgétaire, et des résultats scolaires de leurs élèves aux évaluations nationales ». Olivier Vial recommande de « choisir le critère de la progression des élèves » sur le point des résultats scolaires. « Les établissements ayant réussi à faire progresser leurs élèves doivent pouvoir bénéficier d’une augmentation de leur dotation leur permettant d’accueillir plus d’élèves », écrivent ensuite les auteurs, qui souhaitent plus largement « adapter le financement et la dotation des établissements aux résultats des évaluations triennales ». « Quant aux établissements ayant obtenu de mauvaises évaluations triennales, un audit plus complet devra être proposé », poursuivent-ils. « Cet audit pourra être amené à proposer des réformes, assorties d’une enveloppe de crédits fléchés pour les financer. »

« Assurer un traitement financier équitable entre l’enseignement public et l’enseignement privé » constitue une autre proposition des auteurs. « L’Éducation nationale doit consacrer à l’enseignement privé une part de son budget qui soit strictement équivalente à la part relative des élèves inscrits dans le privé. En 2012, si une telle règle était respectée, le budget de l’enseignement privé devrait être alimenté de deux milliards d’euros supplémentaires », développe l’ouvrage. Interrogé par AEF sur sa vision de la carte scolaire, Olivier Vial se prononce pour « la liberté totale des familles dans le choix de l’établissement ». Il souhaite que « la dotation des établissements se fasse en fonction du nombre d’élèves inscrits, ce que certains appellent le chèque scolaire ».

Éducation : bons sentiments et toujours plus de moyens, les vieilles recettes de François Hollande

François Hollande s’est déplacé jusqu’à Orléans pour enrôler dans sa campagne la figure de Jean Zay, jeune ministre de l’éducation du Front populaire, espérant ainsi colorer, sans trop d’effort, son discours sur l’école d’une « geste républicaine ».

Pour l’occasion, les grands mots étaient de sortie, le candidat appelant à « réenchanter le rêve français » par une « refondation de l’école » et une « réforme globale ». Ce lyrisme surjoué cache mal le manque d’ambition et de vision du projet socialiste. Ce dernier reste essentiellement attaché à une vision quantitative de l’école : il faut « remonter le taux d’encadrement » des élèves par les enseignants, quitte à mettre « plus de maître que de classe ». Il faut surtout créer 60 000 postes supplémentaires dans l’éducation pour résorber « la dette éducative ».

Derrière le vernis républicain peint hier sur le projet socialiste, les sempiternels mots d’ordre syndicaux « toujours plus de postes, toujours plus de moyens » réapparaissent.

Or, depuis 30 ans, la dépense consacrée par les Français à l’éducation a doublé alors que les effectifs d’élèves restaient relativement stables. En 2012, un quart du budget de l’Etat est destiné à l’Education nationale et l’Enseignement supérieur, et près d’un fonctionnaire sur deux travaille pour l’un de ces ministères. Si les résultats de l’école et le bien-être des élèves et des enseignants étaient directement proportionnels aux moyens investis [[Il est même intéressant de noter que les résultats des élèves français aux tests PISA réalisés par l’OCDE ont cessé de baisser, pour même légèrement progresser, entre 2006 et 2009, au moment même où le gouvernement supprimait des postes d’enseignants.]], comme essaie de nous le faire croire le candidat du PS, nos écoles compteraient déjà parmi les plus efficaces du monde. Or, ce n’est évidemment pas le cas.

La racine des problèmes de l’école est à chercher ailleurs. Au fil des années, l’école s’est éloignée de sa mission essentielle, la transmission des savoirs, pour se laisser enrégimenter au service de l’égalité. L’égalité est, ainsi, devenue le mètre étalon à partir duquel on construit et on évalue toutes nos politiques éducatives. En réaffirmant, hier à Orléans, qu’il souhaitait avant tout « une école plus égalitaire », François Hollande persiste dans les travers qui ont miné notre système éducatif.

La gauche et une partie du milieu éducatif (spécialistes des sciences de l’éducation, syndicats enseignants, associations d’éducation populaire et de parents d’élèves) ont installé comme un dogme indépassable, le concept de la « parfaite égalité des talents et des aptitudes des élèves ». C’est au nom de cette croyance teintée de bons sentiments que l’on continue de refuser la mise en place des classes de niveau et que l’on s’interdit d’adapter les moyens affectés par l’éducation nationale, non pas en fonction de critères sociaux ou géographiques, mais bien du niveau et des besoins des élèves.

De nombreuses études démontrent, pourtant, que de telles pratiques permettent d’améliorer sensiblement le niveau des élèves, notamment de ceux qui sont le plus en difficulté. Une fois encore, les socialistes préfèrent ignorer cette réalité et entretenir leurs illusions. Pour cela, François Hollande a annoncé qu’il mettrait fin aux évaluations de CE1 et CE2, et à la « notation des élèves ». Ce n’est pourtant pas en cassant le thermomètre que l’on fait tomber la fièvre.

Cet égalitarisme frappe également les relations entre l’institution et les enseignants. « Les adeptes des « pédagogies modernes » militent depuis toujours pour l’unification du corps des enseignants. Ils estiment que quelle que soit la discipline que l’on enseigne et l’âge des élèves à qui l’on fait classe, tous les enseignants doivent être recrutés à un même niveau de diplômes, recevoir la même formation, maîtriser les mêmes techniques pédagogiques, car celles-ci sont sensées transcender les approches disciplinaires »[[Olivier Vial et Inès Charles Lavauzelle, L’école malade de l’égalitarisme, édition CERU et BOD, janvier 2012]]. Leur rêve fut partiellement réalisé par Lionel Jospin en 1989 avec la création des IUFM ; il le sera totalement avec la création annoncée hier « d’écoles supérieures du professorat et de l’éducation », chargées de former tous les enseignants « de la maternelle à l’université ».

Dans ce domaine également, il convient de tourner le dos à cet égalitarisme niveleur et démotivant pour les personnels. Au nom de ce principe, le ministère a fini par réduire les enseignants à leur statut, gérant leurs avancements et leurs affectations de façon automatique et aveugle et les considérant, au final, comme des pions interchangeables.

Les élèves, tout comme les enseignants, n’ont pas tous les mêmes aptitudes ni la même motivation. Au contraire de ce que propose François Hollande, il convient de regarder cette réalité en face et d’admettre que l’institution scolaire ne s’adresse pas à des « élèves désincarnés », ni à des professeurs « statufiés ». Tous doivent être considérés comme des personnes différentes, dont il faut reconnaître les talents, encourager les efforts et sanctionner les fautes. C’est à ce prix que nous pourrons renouer le fil de l’excellence qui permet, par l’école, de faire rayonner et progresser une nation.