Réforme du bac : un système plus inégalitaire ?

Hier, le ministre de l’Education a tranché : l’examen du baccalauréat nouvelle formule, dont la première session aura lieu en 2021, ne comptera plus que quatre épreuves écrites et un grand oral. Quels sont les objectifs, et quels sont les risques ?

Suppression des filières classiques, grand oral et contrôle continu

Les filières classiques S, ES et L seront remplacées par des spécialités. Les élèves de terminale devront désormais en choisir deux, parmi les combinaisons proposées dans leur lycée. Un tronc commun (de 15-16 heures) englobera le français, la philo, l’histoire-géo, deux langues vivantes, le sport, ainsi qu’une nouvelle discipline, les « humanités numériques et scientifiques » (2 heures par semaine) sur la bioéthique et la transition énergétique.

Les élèves devront aussi choisir trois spécialités en première, ramenées à deux en terminale (12 heures par semaine) : arts, écologie-agronomie-territoires, histoire géographie -géopolitique et sciences politiques, humanités-littérature-philosophie, langues et littératures étrangères, mathématiques, numérique et sciences informatiques, SVT, sciences de l’ingénieur, sciences économiques et sociales (SES) et physique-chimie. Des options facultatives complèteront le dispositif.

Les épreuves du bac ne seront plus concentrées sur le seul mois de juin. Elles vont s’étaler dans le temps. Le français (avec un écrit et un oral) est maintenu à la fin de l’année de première. Pour le reste, les élèves passeront en terminale quatre épreuves finales : d’abord leurs deux matières de spécialité au retour des vacances de printemps, puis, au mois de juin, l’épreuve de philo et le tout nouveau grand oral. « La philosophie devient la matière commune par excellence », a insisté Jean-Michel Blanquer, invoquant l’esprit des Lumières.

Ces six épreuves (les deux de français, la philo, les spécialités et le grand oral) représenteront 60 % de la note finale. Les 40 % restants relèveront du contrôle continu. Il désigne en réalité des épreuves anticipées, qui pourraient être organisées en janvier et avril l’année de première, et en décembre l’année de terminale (30 % de la note). Le contrôle continu sur la base des bulletins scolaires représentera 10 % de la note finale.

Un renforcement des inégalités ?

En supprimant les filières classiques S, ES et L, l’objectif principal est de rééquilibrer les disciplines, et d’en finir avec la suprématie de la filière S. En proposant plus de variété, on sort en effet de l’idée qu’il y a une voix royale mais cela n’empêchera pas les élèves de retrouver les mêmes enseignements que dans les séries actuelles. 

Surtout, tous les lycées auront-ils les moyens de proposer la même offre de formation ? C’est sur ce point que se concentrent les interrogations, et la crainte d’une réforme aggravant les inégalités. Car chaque lycée ne pourra pas proposer l’intégralité de la trentaine de combinaisons possibles…

Le ministère répond que toutes les combinaisons seraient disponibles dans un bassin géographique donné. Et que donc, il suffira aux élèves motivés d’étudier dans un autre lycée que leur établissement de secteur. Le ministre s’est engagé à donner des moyens supplémentaires aux lycées défavorisés pour qu’ils puissent proposer une combinaison originale en plus, comme art-sciences informatiques, et ainsi être attractifs.

Autre risque majeur : les inégalités de traitement entre élèves lors du contrôle continu. Comment en effet, comparer les notes d’élèves venant d’établissements différents, sur des devoirs et selon des barèmes qui le sont tout autant, sans risquer d’aboutir à des bacs à deux vitesses, et des lauréats de deuxième classe ? Pour parer la critique, Blanquer a annoncé pour les épreuves passées pendant l’année des copies anonymisées et corrigées par d’autres professeurs de l’établissement que ceux de l’élève. Mais s’agit-il alors bien de contrôle continu ou n’est-ce pas une forme déguisée d’examen final ?

Les disparités du contrôle continu

Les problèmes liés au contrôle continu sont complexes et donneront du fil à retordre au gouvernement.

Pourtant, il faut bien reconnaître que cette modalité de contrôle est le mode normal de validation des acquis dans l’Éducation nationale, de l’école primaire au lycée. Et que le contrôle continu est ce qui détermine déjà aujourd’hui l’orientation des bacheliers dans l’enseignement supérieur puisque les dossiers des élèves sont traités avant les épreuves du bac.

Les réticences sont de deux ordres. La première concerne les inégalités attachées à cette modalité de contrôle. La seconde tient aux éventuelles pertes de chance que ces inégalités peuvent induire pour des lycéens dans leur accès au supérieur.

Les inégalités provoquées par le contrôle continu peuvent prendre deux formes.

Tout d’abord, des inégalités à l’intérieur des établissements. Tous les enseignants ne notent pas de la même manière, les élèves craignent ainsi d’être défavorablement connus des services ou de subir un passif lié à leur attitude ou à des incompatibilités de caractère.

Ensuite, des inégalités entre établissements : la localisation géographique, le recrutement social, la réputation… forment des hiérarchies entre établissements qui se traduisent par des opportunités d’orientation différentes. Le problème majeur est que ces réputations sont implicites et ne font pas l’objet d’une objectivation donnant une base de reconnaissance, c’est-à-dire de correction éventuelle fondée sur une méthodologie partagée et transparente.

On peut imaginer des dispositifs pour éviter les disparités dans les évaluations à l’échelle d’un établissement. Ils existent d’ailleurs déjà : il suffit d’anonymiser les copies et de les échanger entre professeurs d’une même discipline à l’intérieur de l’établissement, c’est l’option retenue par Jean-Michel Blanquer. Il s’inspire du système mis en place récemment en Allemagne (pour lutter précisément contre les disparités entre Länder observées pour l’épreuve de l’Abitur), en créant «une banque nationale numérique de sujets» dans lesquelles les enseignants pourront piocher.

Il apparaît sans doute plus difficile de lutter contre les inégalités entre établissements.

Tous les établissements n’ont pas la même culture ni la même échelle de notation. Celle-ci est en générale fixée en fonction du niveau moyen des élèves de l’établissement, c’est pourquoi la notation est souvent plus exigeante dans les lycées les plus réputés.

En soi, ce n’est pas un problème tant que cela ne pénalise pas les élèves, or avec les dernières réformes mises en place (Parcourssup et la réforme du bac) cela a de plus en plus d’incidence et peut-être la source de relatives injustices.

En ce qui concerne l’espérance de valider le bac, la prise en compte du contrôle continu aura nécessairement une incidence, même si elle peut apparaître limitée.

La vraie difficulté est que les lycéens sont mis en concurrence sur cette base également pour l’accès à l’enseignement supérieur non seulement pour les filières sélectives mais aussi pour les filières en tension.


Propositions pour corriger les biais du contrôle continu

Que faire ? On peut imaginer de pondérer les notes obtenues par l’étudiant par un coefficient lié à son établissement. Cela ne signifie pas changer sa note mais, au moment de l’évaluation, affecter cette note d’une modulation liée aux résultats d’ensemble de l’établissement.

Le rapport des Inspections de 2011 propose de créer cette pondération en évaluant le parcours des étudiants dans le supérieur : leur niveau de réussite donnant une indication fiable sur la qualité de leur préparation au lycée (même s’il néglige les inégalités sociales qui affectent la réussite : inégalité d’accès au logement proche du lieu d’étude, insuffisance des bourses, etc.).

Ce système, certainement valable du point de vue de l’indicateur retenu (la réussite dans le supérieur), impose un recul de plusieurs années, long à mettre en place, et aurait un effet d’inertie de quelques années.

Plus simplement, on peut comparer dans chaque établissement la moyenne des notes obtenues par les élèves de l’établissement dans une matière à l’examen national à la moyenne des notes obtenues par le même établissement dans la même matière en contrôle continu et opérer une modulation.

Ce système aurait l’avantage de pouvoir se faire en année courante et de s’ajuster, au besoin, année après année.

Avec deux perspectives complémentaires : inviter les établissements qui présentent des écarts atypiques à la moyenne à corriger leurs standards d’évaluation et construire un référentiel commun d’évaluation qui donnerait une base plus objective pour l’évaluation des dossiers des lycéens dans l’orientation post-bac.

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Focus réforme du Bac

Le cannabis ne serait plus qu’à l’amende

La loi de prohibition des drogues de 1970, voulait entraver l’irruption de nouvelles drogues dans notre société minée par le tabac et l’alcool, alors qu’on ignorait les 79.000 morts annuelles dues au tabac et les 49.000 morts dues à l’alcool, ainsi que leurs multiples estropiés.

Malgré cette loi le cannabis a envahi notre pays. Parmi les 28 Etats membres de l’U.E. il en est le premier consommateur. Ces chiffres, longtemps occultés, puis relativisés sont enfin révélés avec un épouvantable niveau (1.500.000 usagers réguliers ; 700.000 usagers quotidiens), et les responsables de cette catastrophe de déclarer : « La guerre contre la drogue est perdue, passons à autre chose ». Ils ont banalisé le cannabis, alors que simultanément s’accumulaient pourtant de multiples données sur ses méfaits.

On doit s’émouvoir de la précocité de ses premiers usages ; au collège désormais. Cette démission des parents, de l’« éducation » nationale et des « pouvoirs » publics (guillemets délibérés) est révoltante ; car plus tôt l’essayer c’est plus vite l’adopter et plus intensément se détériorer. On doit s’inquiéter de l’accroissement considérable de la teneur en THC (principal agent toxicomanogène et toxique du cannabis) ; tout comme de nouvelles modalités de consommation (pipe à eau, vapoteur/e-cigarette, huile de cannabis, cannavaping…) qui décuplent sa cession à l’organisme ; ainsi que de l’apparition de cannabinoïdes de synthèse encore plus dangereux que le THC.

Les méfaits physiques du cannabis résident dans  ses effets cancérigènes (bouche, gorge, bronches, poumons, testicules) ; la broncho-pneumopathie chronique obstructive ; sa toxicité cardio-vasculaire (artérite, infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux) ; les perturbations de la grossesse et les troubles pour l’enfant qui en naitra.

La toxicité neurologique et psychique du cannabis, comporte : une ivresse, des troubles de la coordination motrice, de l’équilibre, de l’éveil, de l’attention (à l’origine d’accidents routiers et professionnels). L’induction d’un syndrome amotivationnel, ses sujets revenus de tout sans être allés nulle part, à l’élocution ralentie, au rire bête, avec des troubles cognitifs liés à une perturbation de la mémoire à court terme (sans laquelle ne peut se constituer une mémoire à long terme, une culture). Eradiquer le cannabis de l’espace éducatif ferait mécaniquement gagner plus d’une dizaine de places dans le piètre classement PISA (26ième rang) de notre pays qui consacre tant à l’éducation de ses enfants.

Le cannabis est désinhibiteur, faisant prendre des risques qui rendent l’individu dangereux pour lui-même et pour autrui. Au long cours, il induit une anxiété, un état dépressif (avec son risque suicidaire) ; il est responsable du déclenchement d’une psychose aigue (psychose cannabique), ou de l’installation, ou de la décompensation d’une schizophrénie latente, ou de l’exacerbation d’une schizophrénie déclarée, Il induit des poly toxicomanies ; l’ajout d’autres drogues pour pallier l’amoindrissement de ses effets au fil de son abus. L’association cannabis-alcool, sur la route, multiplie par 14 le risque d’accident mortel  ; tous les héroïnomanes sont passés par la case cannabis.

Alors qu’on s’échine à diminuer le nombre des fumeurs de tabac (qui sont 14 millions), et la consommation d’alcool (des cinq millions d’individus alcoolo-dépendants), on n’a aucune latitude pour faciliter l’accès au cannabis. Tout ce qui approche de la légalisation du cannabis, diminue la dissuasion de le consommer et accroît le nombre de ses consommateurs, vers le nombre des alcoolo-dépendants, et pourquoi pas celui des dépendants du tabac.

La loi n’est pas respectée, parce qu’elle na pas été enseignée et partant de là ni expliquée, ni justifiée, et que la pusillanimité de la « puissance » publique classe souvent ce délit sans suite. Si la loi ne peut s’appliquer, tout doit être fait pour que la contraventionnalisation du délit de consommation du cannabis, ne puisse être perçue comme une banalisation supplémentaire.

Si une contraventionnalisation venait à se réaliser, notre centre national de prévention, d’études et de recherches sur les toxicomanies (CNPERT), requiert qu’elle soit précédée de l’instauration d’une vraie pédagogie préventive dont on se soit assuré de son efficacité. Sinon, ce serait « mettre la charrue avant les bœufs ».

La mise en œuvre de cette contraventionnalisation devrait :

– pour la première infraction constatée (consommation et/ou détention de cannabis) coûter au contrevenant au moins 135 euros (contravention de quatrième classe) ;

– Un fichier national devrait être constitué, qui serait interrogé par l’officier de police judiciaire amené à infliger une contravention pour un flagrant délit de consommation et/ou pour détention d’une quantité de cannabis pour un usage individuel. Constatant, le cas échéant, l’infliction de contraventions antérieures pour cette même cause, le montant de la contravention serait multiplié par le nombre de contraventions antérieures (par exemple 3ième 135 X 3 = 405 euros) ;

– Chez les contrevenants majeurs le paiement s’effectuerait selon les règles s’appliquant aux amendes 

– Chez les contrevenants mineurs, le paiement serait réclamé à leurs parents, tuteurs ou responsables, pour les informer du délit ; ils recevraient un fascicule d’information sur les dangers des drogues, sur les consultations médicales spécialisées et sur la possibilité qu’ils auraient de faire convertir ces contraventions en travaux d’intérêt général.

– Au delà de la troisième contravention le contrevenant devrait suivre, à ses frais (500 euros), un stage de deux jours (15h) consacré à la législation, aux méfaits des drogues et aux moyens de s’en abstraire (comme cela existe dans le cadre de la sécurité routière pour conduite sous l’influence de stupéfiants). Ces enseignements seraient dispensés par des membres du corps médical, et par des officiers de police judiciaire (pour le rappel de la loi). On contrôlerait que les connaissances ont été acquises, sinon le stage serait réitéré.

– En cas de récidive après ce stage, le contrevenant serait passible du tribunal correctionnel qui pourrait prononcer des injonctions de soins, prolongés par un suivi médical et des contrôles urinaires.

– Si l’usage de cannabis se poursuivait le permis de conduire serait retiré ou l’interdiction de passer l’examen pour l’obtenir serait prononcée

– Afin d’interdire à ces consommateurs irrépressibles l’accès à des activités professionnelles comportant des risques pour les usagers, la liste des sujets que la drogue rend potentiellement dangereux pourrait être communiquée aux responsables des ressources humaines des organismes effectuant du recrutement.

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Les principaux méfaits avérés du cannabis
Les principaux méfaits avérés du cannabis

Parents/Enseignants, le non sens du rapport d’Aurore Bergé

« Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes » écrivait Bossuet. Les bonnes âmes de l’éducation, pédagogues patentés de l’Education nouvelle, hérauts de l’école inclusive et de la bienveillance, pleurent depuis des années le divorce entre parents et enseignants. Le rapport commis par la porte-parole de la République en marche, Aurore Bergé et l’une de ses collègues députés, Mme Béatrice Descamps, n’est qu’une jérémiade de plus. Loin de s’interroger sur les raisons profondes qui nourrissent depuis des années ce sentiment de défiance, ce rapport, digne d’une consultation chez un conseiller conjugal, reprend tous les poncifs du moment : il faut apprendre à se parler car « le secret induit de l’inquiétude », il faut apprendre à se respecter en signant une nouvelle charte sur « l’égale dignité des acteurs éducatifs ».

Mais pour s’entendre, le préalable est de parler la même langue. En la matière, la créativité lexicale, dont fait preuve l’institution scolaire, n’arrange rien. Du « référentiel bondissant » pour désigner un ballon, au mot natation devenu dans la première version des programmes scolaires « le fait de se déplacer dans un milieu aquatique standardisé profond », tout concourt à désorienter les parents, tous les parents et pas seulement les plus « éloignés de l’école » comme le laisse entendre de façon condescendante ce rapport. Difficile pour Mme Aurore Bergé de s’en apercevoir car elle semble atteinte de la même pathologie : pour elle « les parents les plus éloignés de l’école » doivent désormais être désignés par le vocable de « parents empêchés » Sic ! Quant à la semaine du goût, qui se tient dans les établissements scolaires, ce sont, selon la député des Yvelines, « des prétextes inclusifs, des rituels positifs » Re-sic !!.

Cette incompréhension fut également le fruit d’une politique délibérée inventée par certains ayatollahs du pédagogisme. Ces derniers, en adorateurs zélés de Bourdieu, ont voulu s’attaquer à la racine des inégalités scolaires : la famille. Pour eux, le fait que tous les élèves n’aient pas des parents également capables de les aider à faire leurs devoirs et réviser leurs leçons devait être corrigé. Quitte, pour cela, à bouleverser les méthodes d’enseignement, remplaçant celles traditionnelles que les parents comprenaient pour les avoir apprises, par d’autres plus « modernes » et surtout beaucoup moins intuitives. Le jour où plus aucun parent ne pourra aider son enfant, l’égalité sera enfin réalisée. C’est ainsi que se sont développés les maths modernes, que la méthode globale a supplanté la syllabique, que la grammaire a été remplacée par l’« observation réfléchie de la langue », que les compléments d’objet direct (COD) et indirect (CDI) laissèrent place en 2015 au fumeux « prédicat ». Loin d’avoir permis de lutter contre les inégalités scolaires, ces politiques ont simplement accru l’incompréhension entre les parents et l’école et conduit à une forme de désengagement contraint.

Toutes ces nouvelles méthodes ont particulièrement déstabilisé les familles. Une enquête internationale publiée en 2013 démontrait que les familles, notamment en France, avaient toujours de fortes attentes vis-à-vis de l’école mais qu’elles ne comprenaient pas l’évolution des pédagogies.» Une étude menée par la sociologue Séverine Kakpo démontre, d’ailleurs, que les familles issues de milieux modestes craignent que ces méthodes n’aboutissent à une forme de nivellement par le bas. Elles considèrent l’école désormais comme insuffisamment exigeante.

C’est l’une des raisons majeures de la défiance entre les parents et l’institution scolaire. Au moment où l’école se dit bienveillante, où l’on supprime les notes pour éviter de blesser l’amour propre des élèves – à ce titre le présent rapport s’inscrit dans la même ligne en demandant aux enseignants que leurs annotations et leurs « remarques ne soient pas stigmatisantes sur le long terme pour l’élève et son orientation » -, les parents réclament plus d’exigence et s’inquiètent de la baisse du niveau. D’ailleurs, lors de toutes les réformes du précédent quinquennat, telle que la suppression du latin, la réforme de l’orthographe, l’évaluation par compétence, les sondages relevaient que les familles populaires étaient toujours les plus hostiles.

On pourrait ajouter bien des raisons de fond au fossé qui se creuse entre parents et école. Comment s’étonner que les relations s’enveniment quand le ministère cédant aux injonctions de lobbies militants enrégimente les enseignants dans des combats qui ne sont pas les leurs avec, par exemple, la déconstruction des stéréotypes de genres en maternelle et l’enseignement de la théorie du genre ? Comment ne pas voir que la façon dont l’Institution a organisé la présence des parents dans l’Ecole est devenue contre-productive : en donnant le dernier mot aux parents sur l’orientation, en faisant des conseils de discipline des simulacres de tribunaux où les parents sont amenés à être les avocats des élèves, on a créé un face-à-face souvent hostile entre enseignants et parents.

Chacun doit retrouver sa place afin de renouer le pacte des adultes qui permettait jadis à l’enseignant de compter sur les parents pour assoir son autorité.

Au lieu de s’intéresser à ces questions de fond, les deux auteurs du rapport ont préféré instruire le procès des enseignants jugés sociologiquement trop bourgeois – Re-Re-Sic !!!! pour être compris dans certains établissements les incitant à se former pour apprendre les codes des quartiers. Jusqu’à maintenant, on espérait que le rôle de l’école était inverse et que c’était aux enseignants d’apprendre les codes de notre société et de la République aux élèves, même à ceux des quartiers. On estimait également que l’Ecole n’attendait pas simplement des parents qu’ils fassent « découvrir la cuisine de leur pays » lors de « moment inclusif ». Mais c’était sans doute des espérances du monde ancien …

Ce rapport est le signe que l’incompréhension est profonde entre cette majorité parlementaire et les problèmes de l’école. Le chemin qu’elle nous propose est celui bien connu du relativisme culturel et du communautarisme. L’exact contraire de ce qu’attendent les Français (parents et enseignants) pour l’Ecole.

Vous pouvez télécharger cette tribune

Rapport Bergé : «Les ayatollahs du pédagogisme déplorent les effets dont ils chérissent les causes»