En souhaitant abroger la loi Ciotti, la majorité socialiste fait preuve d’angélisme

Jeudi 17 janvier, l’Assemblée nationale devrait se prononcer sur la proposition de loi « Carton », adoptée au sénat, tendant à abroger la loi n° 2010-1227 du 28 septembre 2010 visant à lutter contre l’absentéisme scolaire, dite « loi Ciotti ».

En soutenant l’abrogation de cette loi, le gouvernement fait preuve d’un dangereux angélisme et de beaucoup de mauvaise foi.

Responsabiliser les parents

Chaque année, près de 300 000 élèves pratiquent l’école buissonnière et mettent en danger leur scolarité et leur avenir.

Pour lutter efficacement contre l’absentéisme, les équipes pédagogiques et les parents doivent être également mobilisés. Le rôle des parents dans le suivi de la scolarité de leurs enfants est, en effet, déterminant sur l’assiduité scolaire. Le rapport Maillard (2004) note que « l’entourage familial joue souvent un grand rôle dans l’assiduité ou la non assiduité des enfants. Le climat familial, c’est-à-dire la qualité des relations parents enfants, a notamment un impact déterminant ».

C’est la supervision parentale qui permet à l’enfant d’intérioriser l’obligation d’assiduité qui est la sienne. Le supervision parentale dépend de la qualité et de l’intérêt que les parents accordent à l’éducation de leurs enfants (aide aux devoirs, suivi de la scolarité, dialogue avec les enfants sur ce qui se passe à l’école …). Or, les auditions réalisées dans le cadre du rapport Maillard ont permis d’établir que dans certains cas les parents sont partiellement responsables de l’absentéisme de leurs enfants. Dans de telles situations, comment espérer qu’un simple dispositif d’accompagnement, comme celui proposé par le texte adopté au sénat, suffise ?

Equilibre nécessaire entre accompagnement et sanction

L’arsenal actuel de lutte contre l’absentéisme repose sur un équilibre entre dispositif d’accompagnement et d’aide (mallette des parents depuis 2008, réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement à la parentalité (REAAP) dont le budget a été augmenté début 2012, …) et la possibilité de sanction. La menace des sanctions joue un rôle dissuasif qui peut faciliter la mise en œuvre des mesures d’accompagnement et de soutien à l’autorité parentale. C’est d’ailleurs, ce que révèle un rapport de l’IGEN non publié, cité par l‘Express :

« Dans certains cas et sur certaines tranches d’âge, la menace de la suspension des allocations familiales peut s’avérer efficace pour lutter contre l’absentéisme scolaire, relève le rapport. La chaîne qui va du premier signalement d’absence à la menace de suspension peut être utile dans la mesure où elle exerce une pression forte sur les parents pour que leur enfant revienne en classe. « 

Dispositif Ciotti efficace dans 97 % des cas

Le gouvernement et la majorité socialiste font preuve d’une certaine mauvaise foi en affirmant, sans avoir réellement évaluer le dispositif, que la loi Ciotti est inefficace. Les premiers chiffres témoignent du contraire.

Selon les chiffres du ministère, pour l’année scolaire 2011-2012, la loi Ciotti a conduit à 80 000 signalements. 60 000 premiers avertissements ont été adressés aux familles. Ce premier avertissement a suffi dans 64 % des cas à inciter les élèves à retourner en classe.
Pour les cas les plus difficiles, 22 000 seconds signalements ont été adressés. Ils ont conduit à 1400 demandes de suspension des allocations familiales. 619 suspensions furent effectives.
Au terme de la procédure des deux avertissements, ce sont plus de 97 % des cas qui ont été résolus.

Entre janvier 2011 et août 2012, la caisse nationale des allocations familiales a suspendu les allocations de 949 familles. Seule une dizaine de familles ont vu leur allocation suspendue durant plus de 15 mois, ce qui tend à prouver que ce dispositif fonctionne.

Parution d’une nouvelle étude du CERU, Vincent Peillon, prophète d’une religion laïque

Alors que la polémique enfle suite à la sévère mise en cause de l’enseignement catholique par Vincent Peillon, le CERU publie une étude intitulée « Vincent Peillon prophète d’une religion laïque » qui permet de mieux comprendre la conception très personnelle que s’est forgé le ministre de l’Education nationale de la neutralité et de la laïcité à l’école.

A partir de l’étude approfondie de deux ouvrages écrits récemment par Vincent Peillon (Une religion pour la République : la foi laïque de Ferdinand Buisson, Le Seuil, 2010 et La révolution française n’est pas terminée, Le Seuil, 2008), l’auteur de cette étude, Vivien Hoch chercheur en philosophie, analyse les fondements sur lesquels se base le ministre pour construire sa vision de la laïcité et de l’école républicaine.

Il ressort de cette étude que pour Vincent Peillon, l’école doit être capable de concurrencer les religions et les traditions. Dans la lignée de Ferdinand Buisson, la laïcité est, pour le ministre « un principe de tolérance certes, mais plus encore de philosophie positive, c’est aussi une religion ». La laïcité devient même « la religion de toutes les religions, de toutes les confessions, la religion universelle. » Le projet consiste alors  » à forger une religion qui soit non seulement plus religieuse que le catholicisme dominant, mais qui ait davantage de force et de séduction, de persuasion que lui. » Pour arriver à imposer cette nouvelle religion, l’école joue un rôle stratégique et politique. Il convient comme l’affirme d’ailleurs le ministre dans la lettre qu’il a adressé aux recteurs le 4 janvier dernier de « s’appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités ».

L’inquiétant amalgame entre République et socialisme

Cette étude révèle également que pour Vincent Peillon, République et socialisme sont fondamentalement synonymes. Pour lui, l’Histoire débute avec la révolution française et converge, selon le fameux sens de l’Histoire, vers sa propre construction idéologique de la réalité, tant que celle-ci résiste à l’idée socialiste, la révolution reste « inachevée ». Mais « les forces contre-révolutionnaires, réactionnaires et rétrogrades sont toujours vivaces », la République n’a d’autres issues que de « lutter contre ces forces rétrogrades », prévient Vincent Peillon dans son livre paru en 2008.

Pour mieux comprendre la philosophie défendue par Vincent Peillon et sa vision d’une laïcité de combat, consultez cette note sur notre site : http://www.ceru.fr/spip.php?article85