APB : une procédure rigide et incomplète

La complexité de l’offre de formation post-bac exige un traitement informatique, à n’en point douter.

Cependant, si pour certains, faire leur choix est une évidence, car le soutien de leurs parents, et les conseils avisés d’enseignants leur permettent de positionner leurs demandes sur les bons débouchés, d’autres, moins bien encadrés, moins informés, peuvent avoir des difficultés.

Mais le problème est plus grave si l’information donnée pas le système est fausse, ou tellement incomplète qu’elle handicape le choix des élèves.

Les formations technologiques

Dans l’esprit du Rectorat, les formations technologiques supérieures (BTS, puis licences) doivent être faites après un baccalauréat technologique correspondant. Cela paraît logique au premier abord, et c’est d’ailleurs le cas pour les formations publiques proposées.

Mais c’est un secteur où les formations privées sont légions, et certaines d’entre elles suffisamment de qualité, et aboutissant à des embauches suffisamment nombreuses pour qu’on ne puisse pas les négliger.

Dans ce domaine, l’imagination pédagogique des établissements peut donner des résultats très différents de ceux du système national. Ayant besoin de recruter des étudiants pour survivre, ces établissements peuvent dans bien des cas recruter sur d’autres diplômes que ceux prévus par le système. Ils peuvent proposer des classes transitoire d’adaptation après un bac STG, ou S, ou toute autre proposition, qu’ils maitrisent.

La proposition de filières

Lorsqu’un établissement obtient le privilège d’être inscrit sur APB, il n’est pas autorisé à mettre ses sections de mise à niveau ou de classe transitoire.
Si le diplôme offert est un BTS Hôtellerie-restauration, par exemple, il ne peut s’adresser que à des jeunes en terminale de Bac technologique hôtellerie. Peu importe que l’établissement recrute chaque année 10 fois plus de jeunes venant d’une autre formation : ce n’est pas sur APB qu’il pourra le trouver. Et ce n’est pas par APB que les jeunes pourront être informés qu’ils ont des reconversions ou des évolutions possibles.

L’amélioration nécessaire du système d’orientation

Aujourd’hui, le futur étudiant a tout intérêt à s’informer par lui-même, en consultant directement les sites des écoles dans les filières qu’il vise, en se rendant aux journées portes ouvertes des établissements et en se renseignant dans les forums d’étudiants.

Mais le portail APB devrait et pourrait être amélioré pour que l’information qu’il délivre soit plus libre et fasse état de la créativité des formations, en particulier, privées.

L’ALTERNANCE : le pari gagnant, gagnant, gagnant !

– Gagnant 1 : l’étudiant
une formation rémunérée
une embauche facilitée
des compétences opérationnelles

– Gagnant 2 : l’entreprise
des formations peu coûteuses
des salariés performants adaptés à l’entreprise
un recrutement sécurisé

– Gagnant 3 : l’établissement de formation
des moyens financiers différenciés
des étudiants motivés
des formations performantes et dynamiques

Qu’est-ce que la formation par alternance ?

Dans un cursus défini (nombre d’années, nombre d’heures de cours, diplôme visé), un contrat précisant ces points est signé avec une entreprise et validé par un organisme de formation.

La formation a lieu pour partie en établissement de formation, plus ou moins traditionnel (mais attention : l’étudiant est payé pendant les cours, donc ceux-ci sont obligatoires, car considérés par l’entreprise comme des heures de travail), et pour partie dans l’entreprise. La liaison entre les deux lieux de formation se fait le plus souvent par voie électronique.

L’examen final porte surtout sur les enseignements reçus, mais peut avoir une partie nécessitant d’avoir appliqué les principes en entreprise pour être à l’aise. Dans beaucoup de cas, l’avis, voire la note, donné par le maitre d’apprentissage (MA) (chef de service, directeur…) est important pour valider le diplôme. Les différents MA sont en principe convoqués comme jurys pour les oraux d’épreuves, mais notent alors un autre candidat que leur propre salarié, pour être impartiaux.

A l’issue d’un premier contrat, plusieurs suites sont possibles :

  • le jeune devient salarié plein temps de l’entreprise ;
  • le jeune poursuit par un autre diplôme, supérieur, en alternance dans cette même entreprise en vue d’une progression de carrière, ou dans une autre (la concurrence directe peut se montrer très intéressée) ;
  • le jeune quitte l’entreprise, soit parce qu’il le souhaite, soit parce qu’il n’a pas donné satisfaction et n’est pas gardé.

En effet, il s’agit bien d’un emploi en CDD, qui laisse chacun libre à la fin du contrat. Mais une entreprise qui a investi du temps et de l’argent dans la formation d’un jeune n’a aucune envie de perdre son investissement si les compétences du jeune sont adaptées. L’emploi est donc quasi assuré pour ceux qui donnent satisfaction.

Or, l’insertion première a nécessairement été plus facile car les entreprises contactent les organismes de formation pour avoir des nouveaux apprentis.

L’entreprise formatrice

Il en ressort que le rôle de l’entreprise dans la formation est essentiel :
elle embauche et elle paye (!) : le jeune (son salaire, et des charges sociales), mais aussi une bonne partie du coût de formation (taxe d’apprentissage) ;
mais surtout, elle forme : elle forme à ses emplois, ses besoins, ses normes, certes, mais, en principe, pour un niveau et un diplôme qui sont définis par le contrat ;

donc, au moment de choisir son entreprise, l’apprenti doit vérifier ce point essentiel ; il va devoir vivre et travailler dans une entreprise pendant, 1, 2, 3 ans, mais il faudra qu’il ait son diplôme, (donc qu’il ait été employé dans un poste cohérent pour la formation en question) et que ses compétences lui permettent d’accéder à des postes satisfaisants, même dans une autre entreprise ;

l’entreprise, quant à elle, a avantage à sélectionner parmi les candidats celui qui devrait lui faire le meilleur retour sur investissement, et à le former au mieux dans ce même but. Ce qu’elle recherche ce n’est pas un apprentis quelconque, c’est un futur collaborateur compétent et motivé.

La condition de la réussite : le travail

Dans un contrat d’alternance, les cours sont obligatoires et on ajoute les heures en entreprise. Donc l’étudiant travaille tout le temps. Il faut rogner sur les soirées et les loisirs pour rédiger le mémoire, et, en plus, l’étudiant n’a pas les congés universitaires, mais les congés payés de l’entreprise. On est loin de la liberté qu’offre l’Université.

C’est d’ailleurs pour cela que ça marche si bien : l’étudiant travaille beaucoup, apprend beaucoup, est productif, et prend l’habitude de travailler. C’est un cercle vertueux : l’étudiant est déjà dans le système ; il a une qualification, un emploi, un salaire. Il pourra envoyer son CV en mentionnant les années d’expérience, il négociera son salaire d’embauche en fonction de celles-ci et de ses compétences et s’apercevra que c’est ce qui intéresse les employeurs éventuels bien plus que le simple diplôme. A la clef de l’alternance, il y a l’embauche.